Les Arts du récit
Lectures musicales et théâtralisées
VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, de Louis-Ferdinand Céline
[1h00]
Dimanche 13 octobre – 17h00
Les quatre premiers chapitres forment un moment à part dans ce Voyage. C’est Bardamu dans la guerre. Bardamu, grand râleur devant l’éternel, Bardamu va-t’en guerre sans savoir ni pourquoi ni comment. C’est la découverte de l’entreprise apocalyptique. Un regard innocent et furieux sur la folie des hommes. Les quatre premiers chapitres forment un moment à part dans ce Voyage. C’est Bardamu dans la guerre. Bardamu, grand râleur devant l’éternel, Bardamu va-t-en guerre sans savoir ni pourquoi ni comment.
Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui ne vont nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c’est à pas y tenir. C’est la découverte de l’entreprise apocalyptique. Un regard innocent et furieux sur la folie des hommes. On est puceau de l’horreur comme on l’est de la volupté. Voyage au bout de la nuit semble avoir été écrit pour être dit, proféré, comme un témoignage de l’état du monde et de ses forces obscures. Voyage au bout de la nuit, c’est une écriture unique; une écriture paradoxale mélangeant sans retenue un phrasé populaire et une syntaxe ultra sophistiquée. Jamais on n’avait écrit avec une telle liberté. Il y a un avant et un après Céline.
UN STEAK, de Jack London
[1h00]
Mercredi 16 octobre – 20h00
La boxe était le sport favori de Jack London. Tous les matins, il boxait pendant une heure sur le pont de son bateau, Le Snark, avec lequel il avait entrepris de faire le tour du monde. Un steak, c’est le récit d’un combat de boxe ; sans doute le dernier pour Tom King, champion vieillissant. Mais Un steak, c’est surtout, l’éternel combat de la jeunesse et de la vieillesse, c’est la fougue contre l’expérience, c’est la jeunesse qui brûle, c’est la vieillesse qui s’économise, qui calcule, qui compte chaque pas. L’issue est bouleversante. Comme toujours chez London, c’est avant d’humanité dont il s’agit.
Un steak, ou quand un match de boxe touche à l’universel. Dans la boxe, on voyait toujours arriver ces jeunes, ils montaient sur le ring, franchissaient les cordes et criaient leur défi; et les vieux succombaient toujours devant eux. Ils accédaient au succès sur les corps des vieux. Oui, la jeunesse était la fatalité. Elle détruisait les vieux sans être consciente que, par la même occasion, elle se détruisait elle-même. Et il en arrivait toujours et toujours davantage - une jeunesse avide et irrésistible - et ces jeunes éliminaient les vieux, devenant vieux eux-mêmes et dégringolant la pente, tandis que derrière eux se pressait la jeunesse éternelle - les nouveaux bébés, ayant pris des forces, tiraient leurs anciens vers le bas, et derrière eux d'autres bébés, jusqu'à la fin des temps - une jeunesse qui ne peut que gagner et qui ne meurt jamais.
Avec
Laurent Vercelletto
Musique électronique
Xavier Garcia
Bandonéon
William Sabatier
Lumières
Claude Couffin